Nous constituons un
groupement avec Ma Friche Urbaine en réponse à un marché lancé par la SPL Grand Avignon pour le déploiement d’une démarche d’urbanisme transitoire sur le quartier Trillade Grands Cyprès dans le secteur Sud Rocade d’Avignon. Un important projet de rénovation urbaine est à l’œuvre et certains tènements vont mettre quelques années encore à muter. Dans ce temps intermédiaire, il nous est confié la conception d’une programmation et d’aménagements s’inscrivant dans le champ de l’urbanisme favorable à la santé (lutte contre la sédentarité et l’isolement, invitation à l’activité physique dans la pratique de l’espace public, etc…).

Des ateliers de concertation avec les acteurs locaux font d’abord émerger 3 principaux axes de travail : la création d’un espace scénique couvert (pouvant supporter une programmation culturelle et associative en plus d’un usage quotidien par les habitants), la mise en place d’un parcours ludique (pour appréhender l’espace public par le jeu), ainsi que la conception d’un espace de convivialité (pour se retrouver en famille, entre voisins, etc).

Le projet change quelque peu d’orientation quand est confiée la conception-réalisation de la scène couverte à un designer local sur demande de la Ville, que la vocation de ce futur équipement est finalement de rester pérenne et de s’inscrire dans la démarche des Maisons Folie dans le cadre d’Avignon, Terre de Culture 2025, qu’il fait donc l’objet d’une demande de permis de construire et que son implantation est souhaitée non plus sur un terrain disponible et identifié pour l’urbanisme transitoire, mais sur les espaces publics tout prochainement livrés.

Le reste des éléments du programme est donc ré-évalué pour s’adapter à ces nouveaux enjeux qui changent fondamentalement la donne en matière de calendrier de réalisation, d’articulation avec la dimension nouvelle souhaitée pour la scène et de durabilité des constructions, dimensionnées initialement pour être temporaires.

La problématique principale étant que les aménagements sont censés être co-construits avec les habitants du quartier et les acteurs locaux, mais les formalités inhérentes au nouvel équipement exigent de déposer des autorisations d’urbanisme au plus tôt et dans lesquelles figurent ces fameux aménagements. Une version provisoire est donc établie sur le fil pour coller aux attendus administratifs et ne pas ralentir le processus.

Nous essayons ensuite de remobiliser les publics-usagers autour de la conception des aménagements, mais il s’est écoulé un long moment depuis les premiers ateliers et cette discontinuité ne joue pas vraiment en notre faveur. D’autres problématiques impactent les habitants du quartier qui vivent au milieu des travaux et la mobilisation n’en est que plus compliquée. Avec les participants aux ateliers, nous essayons toutefois d’interroger la forme à donner aux dispositifs et leurs potentiels d’usage. Moins attachés à l’implantation des constructions qu’aux dynamiques locales qui pourraient s’agréger à la démarche, les personnes représentées valident sur le principe les aménagements tels qu’ils ont été dessinés et tentent d’activer leur réseau pour mobiliser autour du projet.

Le chantier est finalement programmé fin juillet avec l’appui des services techniques de la Ville qui mettent à la disposition du projet des blocs de granit traditionnellement mis en œuvre pour les travaux de voirie. Ceux-ci servent de base à différentes configurations d’espaces (traités pour le reste avec du bois de charpente en douglas naturel). Une estrade/gradins surmontée d’une ombrière fait face à la scène pour accueillir du public lors des représentations, et des « salons » pour se retrouver en petits groupes disposés de part et d’autre de la Maison Folie deviennent le support au parcours ludique matérialisé par une signalétique colorée.